145 lines
59 KiB
Plaintext
145 lines
59 KiB
Plaintext
|
# Du Capitalisme et de l’Étatisme<br>Y a-t-il une meilleure voie ?
|
|||
|
|
|||
|
## Le Capitalisme
|
|||
|
### Ses Principes fondamentaux
|
|||
|
Le capitalisme est un système politique et économique, vanté comme une boussole de liberté et d’opportunité, qui mène à l’exploitation du grand nombre dans le but d’accroître la richesse et le pouvoir d’une minorité, et ce au prix d’une perte de dignité pour tous et toutes. Si nous prenons le temps d’examiner les principes fondamentaux de ce système, les raisons qui conduisent à cet état de fait nous apparaissent clairement :
|
|||
|
<b>La Recherche du Profit :</b> Le capitalisme se caractérise par une quête acharnée du profit privé comme principal moteur de l’activité économique. À l’intérieur de ce système, les bénéfices destinés aux propriétaires des entreprises priment sur les considérations de bien-être humain, de besoins sociaux et de durabilité environnementale.
|
|||
|
La centralité pour l’entreprise de la recherche du profit, couplée à l’impossibilité inhérente des propriétaires de se montrer représentatif/ve/s de leurs travailleur/se/s ainsi qu’à leurs intérêts de classe divergents, mène à des mesures qui font peser les coûts sur les consommateur/rice/s, sur les travailleur/se/s et sur l’environnement, et qui leur extorque leur plus-value. L’asymétrie du pouvoir au sein de ce système conduit à une relation classiste d’exploitation entre les propriétaires et les non-propriétaires, en tant que la représentation des intérêts des individus n’est pas proportionnelle à leur participation et à leur importance dans la société. Non seulement ce système va-t-il à l’encontre des intérêts du gros de la société qui ne constitue pas cette classe possédante, mais il est même moins efficace dans la création de la plus-value que les propriétaires extraient des entreprises. La clé de l’échec de ce système centré sur le profit réside dans le concept même de propriété privée.
|
|||
|
<b>La Propriété Privée des Moyens de Production :</b> Le principe au centre du capitalisme est celui de « propriété privée des moyens de production », c’est-à-dire de l’existence d’une classe d’individus détenant le monopole des ressources, des installations, des outils et des terres nécessaires à la production de biens et de services pour la société. Une telle concentration de la propriété entraîne une asymétrie considérable du pouvoir puisque que la classe capitaliste détient un monopole de contrôle sur la société dans son ensemble, tandis que la majeure partie de la population (la classe laborieuse) est contrainte de vendre sa force de travail à cette classe possédante (capitaliste) pour gagner sa vie. Cette disproportion de la propriété, qui est au centre de l’organisation de nos sociétés, permet une division fondamentale des intérêts sociétaux entre celles et ceux qui la détiennent et celles et ceux qui en pâtissent. Cette relation antagonique prive non seulement de pouvoir celles et ceux qui sont exploité/e/s en particulier, mais également la société dans son ensemble étant donné qu’afin de maintenir cette dynamique entre propriétaires et non-propriétaires, la classe laborieuse (et consommatrice) doit rester divisée, désorganisée et impuissante à part pour tout ce qui sert au maintien de cette relation parasitaire. Cette configuration restreint artificiellement les choix de société, tant collectivement qu’individuellement, et engendre des divisions artificielles et injustifiées entre les individus plutôt que de permettre des efforts coordonnés vers des buts qui seraient partagés par tous et toutes, dont les seules limites seraient le monde matériel que nous habitons et nos propres décisions en tant qu’individus y prenant part.
|
|||
|
<b>L’Exploitation du Travail :</b> Sous le capitalisme, la recherche du profit motive seule la relation entre la classe capitaliste et la classe ouvrière. La classe capitaliste cherche à maximiser ses profits en soutirant la plus-value de leur labeur aux travailleur/se/s. Cette exploitation se traduit sous la forme du salariat, par lequel les travailleur/se/s sont payé/e/s une fraction de la valeur qu’ils et elles produisent par leur travail. Cette plus-value, à savoir la différence entre la valeur que les travailleur/se/s produisent et le salaire qui leur est reversé, est accaparée par la classe capitaliste sous la forme de profit. Cette relation d’exploitation, ancrée dans le mode de production capitaliste, perpétue les inégalités sociales et économiques puisque les travailleur/se/s sont constamment privé/e/s de la valeur totale de leur travail.
|
|||
|
Tout comme une maison requiert une fondation solide pour tenir, tout système ordonnant nos vies exige une base robuste pour soutenir sa structure. Malheureusement, le capitalisme repose sur des fondations intrinsèquement défaillantes qui mènent à des asymétries de pouvoir, à l’exploitation économique, à la compromission du bien-être collectif et à la perte de sens dans son travail. Il est évident que tant que l’ordre en place ne s’emparera pas de ces défauts fondamentaux, il ne saura jamais répondre aux attentes d’une société juste et égalitaire.
|
|||
|
### Le Prix Que Nous Payons
|
|||
|
Le Capitalisme présente de nombreuses problématiques systémiques reliées entre elles qui impactent, d’une manière ou d’une autre, le bien-être de chacune des personnes à qui il s’impose.
|
|||
|
<b>L’Aliénation par le Travail :</b> Dans sa recherche de profit et de compétition, le capitalisme brise notre relation humaine innée avec le travail porteur de sens, ne nous laissant plus qu’un sentiment de déconnexion et d’aliénation. À mesure que le profit devient le but ultime, nous nous trouvons souvent réduit/e/s à de simples rouages dans la machinerie économique. Cette aliénation par le travail vient saper notre besoin de sens et d’accomplissement, étouffant ainsi notre créativité et notre potentiel.
|
|||
|
<b>Le Vol de Notre Travail :</b> L’idée centrale du capitalisme est l’accaparement de notre travail. En nous rémunérant moins que la valeur que nous produisons, la classe capitaliste nous extorque du surtravail à nous, la classe laborieuse. Cette exploitation entretient les inégalités économiques, puisqu’on nous dépossède de la part du fruit de notre travail qui nous revient pourtant de droit. L’écart de richesse qui en résulte attise le sentiment d’impuissance et d’injustice, accroissant plus encore le clivage entre les possédant/e/s et celles et ceux qui n’ont rien.
|
|||
|
<b>La Fragmentation Sociale :</b> L’enracinement du capitalisme dans la recherche frénétique du profit individuel érode les liens de coopération et de cohésion sociale authentique entre les individus. En outre, l’état d’esprit du chacun pour soi impitoyable entretenu par le capitalisme place l’intérêt personnel au-dessus du bien-être collectif, déchirant ainsi le tissu social. Dans cet environnement d’hyper-compétitivité, nos liens sociaux sont fragilisés, notre empathie atrophiée et nos communautés fragmentées.
|
|||
|
<b>Le Consumérisme et le Matérialisme :</b> Sous le joug capitaliste prospère une culture consumériste et matérialiste, qui fait coïncider la valeur personnelle avec l’accumulation de possessions matérielles. Cette quête effrénée de biens matériels nous mène souvent tout droit à l’endettement excessif, pèse sur nos relations et nous laisse avec un sentiment bien creux d’accomplissement. La fixation sur la richesse matérielle éclipse la quête d’expériences épanouissantes, de mûrissement personnel ainsi que d’un véritable bien-être, nous enfermant dans un cycle de consommation sans fin.
|
|||
|
<b>La Destruction Environnementale :</b> La faim insatiable du capitalisme pour les bénéfices privés ne prend pas en compte l’équilibre écologique à long-terme de notre planète. Les bénéfices à court-terme prennent le pas sur les considérations de durabilité de l’environnement. Les pratiques capitalistes conduisent à l’épuisement des ressources, à la pollution et au dérèglement climatique, compromettant ainsi les fondements mêmes de notre équilibre écologique. La relation d’exploitation entre, d’une part la classe propriétaire capitaliste, et d’autre part, les travailleur/se/s et les consommateur/rice/s s’étend au contrôle de toutes les ressources naturelles et à l’équilibre écologique de la planète entière, sur laquelle le capitalisme est parvenu à instaurer sa domination.
|
|||
|
Les valeurs et pratiques constituantes du capitalisme s’étendent bien au-delà de considérations purement économiques, imprégnant chaque facette de nos vies.
|
|||
|
## L’Étatisme
|
|||
|
### Le Rôle de l’État
|
|||
|
L’État est une institution centralisée qui régit un territoire spécifique, et la population qui l’habite, et au sein duquel il maintient le monopole de l’organisation politique hors de portée de la majorité. La notion d’État peut recouvrir un large éventail de structures, de systèmes légaux, d’appareils bureaucratiques et de forces publiques. L’État se pique de représenter les intérêts collectifs de la population, de maintenir l’ordre et de fournir des services publics. Cependant, même le fonctionnement des services publics qu’il arrive à l’État de fournir ne sera accordé que dans le cadre étroit qui profite à l’État ; un organe politique étranger aux intérêts de classe d’une population qu’il prétend représenter.
|
|||
|
<b>L’Appareil Répressif :</b> Tant qu’un organe politique public maintient le monopole du pouvoir politique hors de portée du contrôle collectif de la population qu’il gouverne, c’est un État. Si un État ne défend plus les intérêts de classe fondamentalement étrangers à ceux de la population qu’il se pique de représenter, il cesse d’être un État et devient simplement le cadre organisationnel collectif constitué par la population sous son égide. Tout comme n’importe quel autre système social, l’État cherche à maintenir sa propre existence par tous les moyens à sa portée, ce qui l’amène à réprimer toute atteinte à son pouvoir, qu’elle vienne de l’étranger ou de l’intérieur de ses frontières, et ce même s’il faut aller à l’encontre des intérêts de la majorité afin de maintenir son emprise sur sa population.
|
|||
|
<b>La Préservation de la Hiérarchie :</b> Derrière son masque de serviteur du peuple, l’État cherche avant tout à défendre et à faire progresser les intérêts de la classe dirigeante, dont les valeurs s’incarnent dans l’appareil d’État, en jouant un rôle crucial dans le maintien des hiérarchies sociales. Par l’application de lois ou de réglementations, l’État protège le droit à la propriété privée, s’assurant ainsi de l’accumulation de richesse pour la classe dirigeante et du maintien des inégalités économiques.
|
|||
|
<b>L’Autopréservation :</b> Un État doit en outre s’atteler à son autopréservation, démarche qui va au-delà de la simple défense des intérêts de la classe régnante. L’autopréservation se réfère à la tendance inhérente à l’État de maintenir son autorité et son existence en tant qu’institution. L’État, en tant qu’il est une entité centralisée, cherche à assurer sa propre sauvegarde par la coercition, la propagande manipulatrice et le sabotage des organisations politiques qui menacent son autorité sur sa population. Cet instinct d’autopréservation n’est pas véritablement mû par les intérêts de sa population, mais plutôt par l’intérêt mutuel de la classe possédante et de l’État à maintenir leur contrôle sur la population et sur le territoire qu’ils gouvernent. Tandis que la classe dirigeante profite généralement du système d’autopréservation de l’État, il faut néanmoins reconnaître que la classe régnante propriétaire et l’État ne partagent pas systématiquement des intérêts communs, en particulier dans des démocraties plus libérales qui ne présentent pas nécessairement une unité État/privé absolue à l’instar des dictatures fascistes ou totalitaires, d’autant que chacune des deux parties dispose d’un degré de pouvoir variable en fonction du système en place.
|
|||
|
<b>La Manipulation et la Propagande :</b> L’État façonne également l’opinion publique par le biais de systèmes éducatifs et contrôle les organes médiatiques à travers une influence politique « soft » sur les médias privés, ou même en plaçant directement ces médias sous la tutelle de l’État. En contrôlant le prisme et l’orientation du récit, l’État peut influer sur ce que que pense et croit la population. Ce contrôle exercé sur la communication de masse vise à créer un sentiment d’adhésion et à conférer une légitimité aux actes de l’État, au mépris de leur réelle et authentique légitimité ou non. Ce contrôle vient remplacer ou s’additionner aux méthodes telles que la violence étatique directe ou les menaces envers la population, afin de contraindre celle-ci à obtempérer.
|
|||
|
|
|||
|
### La Démocratie Libérale
|
|||
|
On nous soutient que la démocratie libérale incarne un système conçu « par et pour le peuple ». Cependant, en tant qu’il existe un État qui défend des intérêts fondamentalement antagoniques à ceux de la multitude, cette affirmation ne sert à rien d’autre qu’à camoufler un système autoritaire et sape les supposés principes démocratiques que ledit État prétend pourtant défendre, tels que la liberté d’expression, les élections libres et justes, la transparence et la responsabilité, l’égalité, etc.
|
|||
|
<b>La Déconnexion :</b> Nous sommes tous et toutes envahi/e/s par un profond sentiment de déconnexion, ce qui entraîne une faible participation aux élections, et notre sentiment de pouvoir impacter les décisions qui modèlent nos vies s’étiole jour après jour. Nous sommes désabusé/e/s de la politique, sceptiques de l’efficacité des systèmes électoraux et la trahison de la confiance que nous avions placée dans nos institutions politiques a parachevé cette déconnexion. Quand on se sent aliéné/e du processus décisionnaire, on perd l’espoir qu’un changement positif puisse se réaliser au sein du système actuel, dont on nous interdit de plus de penser la subversion.
|
|||
|
<b>La Manipulation :</b> Les partis emploient pernicieusement des tactiques fourbes, agitant des promesses de campagnes mensongères et une rhétorique sensationnaliste pour nous soutirer notre vote. Nos choix sont façonnés par des manœuvres calculées, amputant notre possibilité de procéder à des décisions informées.
|
|||
|
<b>Le Manque de Culture Politique :</b> La majeure partie des votant/e/s n’ont pas de culture, de conscience ou de compréhension suffisante des systèmes et des mesures politiques pour saisir la portée de leurs choix, ou d’ailleurs l’existence même de tel ou tel choix. Néanmoins, la faute n’est pas à rejeter sur les votants, c’est une externalité intentionnelle du système en place. Il est plus aisé de nous contrôler quand la compréhension de l’essence et du fonctionnement de la politique nous fait défaut ; alors, il ne suffit plus que d’une bonne campagne de promotion pour nous imposer le mode de pensée voulu. Ne disposant pas d’une compréhension solide des enjeux, nous soutenons sans le savoir des candidats qui ne défendent pas nos intérêts, mettant ainsi en péril l’essence même de la démocratie.
|
|||
|
<b>Des Choix Imposés :</b> Les élections périodiques qui viennent ponctuer notre système démocratique nous présente une offre de choix abominablement restreinte. Les partis politiques en lice présélectionnent leurs candidats, réduisant ainsi le spectre des possibilités pour les votant/e/s. Cette sélection imposée empêche la représentation de perspectives et d’intérêts divers, sapant ainsi les principes d’inclusivité et de représentativité au cœur de la démocratie.
|
|||
|
Ces contraintes favorisent l’illusion de la participation, ce qui nuit à l’essence véritable de la démocratie. Vient s’y ajouter le déséquilibre profond du pouvoir, avec une classe capitaliste exerçant sa domination via un éventail de divers mécanismes d’influence. Cette domination qui modèle les implications de nos mesures politiques, perpétuant ainsi les inégalités au sein de nos systèmes politiques capitalistes.
|
|||
|
<b>La Puissance des Lobbys :</b> La classe capitaliste, dotée de vaste ressources financières et de réseaux influents, peut maintenir des canaux privilégiés auprès du législateur et du processus décisionnaire. Cet accès inégal entretient un déséquilibre de pouvoir systémique, pavant la voie à des politiques qui servent en priorité les intérêts de l’élite bourgeoise. Les principes de représentation et de participation démocratique égalitaires viennent à s’effondrer sous le poids de cet accès à géométrie variable.
|
|||
|
<b>L’Influence Médiatique et son Contrôle Capitaliste :</b> La classe capitaliste fait montre d’un remarquable et considérable contrôle, ou en tous cas influence, sur les relais médiatiques, contribuant activement à la manipulation de l’opinion publique et du discours politique de sorte à appuyer son agenda. Cette poigne de fer sur les canaux médiatiques renforce la domination des capitalistes, cimentant leur pouvoir et étouffant la portée d’idées et de perspectives diverses auprès du public.
|
|||
|
<b>La Coercition Économique :</b> Les capitalistes ont la possibilité d’exercer une coercition économique, jouant de leur influence pour menacer de délocaliser leurs entreprises ou d’appliquer des mesures qui pourraient précipiter un ralentissement économique. La simple évocation de potentielles répercussions économiques suffit à susciter la terreur, contraignant le législateur à remodeler ses politiques de manière à apaiser la classe capitaliste, même si cela veut dire compromettre le bien-être et les intérêts des citoyens qui ne possèdent pas.
|
|||
|
La classe capitaliste brandit ses ressources considérables, se constituant un puissant arsenal à trois facettes : lobbys, médias et coercition économique. Ces mécanismes d’influence entretiennent les inégalités et façonnentl’issue des mesures politiques de façon à favoriser la classe capitaliste, portant un coup dévastateur aux principes d’égalité de représentation et de bien-être collectif du reste de la population.
|
|||
|
### L’Avant-Gardisme
|
|||
|
L’avant-gardisme désigne une approche singulière qui prétend représenter les intérêts de la classe ouvrière. La plupart des révolutions « communistes » et des États qui en ont émergé, tels l’URSS ou la République populaire de Chine, se réclamaient de cette approche. Cependant, un examen critique de l’avant-gardisme permet de révéler son impact nocif sur les populations mêmes dont il prétend défendre les intérêts, affaiblissant par là même la classe ouvrière et entravant sérieusement la lutte de cette dernière pour sa libération.
|
|||
|
<b>L’Instauration d’un Capitalisme d’État :</b> L’avant-gardisme promeut la concentration du pouvoir entre les mains uniques d’un groupe ou d’un parti qui se pique de détenir une connaissance et une compréhension supérieures de la véritable voie révolutionnaire. Le parti d’avant-garde et l’appareil d’État, en prenant le contrôle des moyens de production et de distribution, se constitue en une nouvelle classe dominante, semblable à la classe bourgeoise sous le capitalisme de marché. Si initialement les partisans de l’avant-garde peuvent sincèrement chercher un moyen de transition vers le socialisme ou le communisme, la centralisation du pouvoir inhérente à l’avant-gardisme entretient une forme de capitalisme d’État où l’État et le parti au pouvoir maintiennent leur contrôle sur l’économie et la société, nuisant à la quête pour l’authentique émancipation et la propriété collective.
|
|||
|
<b>L’Aliénation :</b> Les idéologies d’avant-garde insistent sur l’idée qu’elles représentent la classe ouvrière. Cependant dans la pratique, cette représentation n’est pas conforme aux vécus et aux aspirations de celle-ci. L’avant-garde, en tant qu’elle est une classe dominante et la représentante autoproclamée des classes populaires, est incapable de saisir les nuances, la diversité et la complexité de la classe laborieuse, menant à un sens d’aliénation et de déconnexion. Cette distance érode les principes démocratiques de la participation et de la prise de décision collectives.
|
|||
|
<b>Assujettissement :</b> Les idéologies avant-gardistes tendent à percevoir les mouvements d’initiative horizontale et l’organisation autonome comme une menace à leur pouvoir centralisé. Plutôt que de susciter une culture de collaboration et d’émancipation, les approches avant-gardistes préfèreront s’octroyer le droit de décider quelles initiatives autoriser selon si elles remettent en cause leur domination ou pas. Cet étouffement des actions d’initiative horizontale restreint le potentiel d’un changement organique allant du bas vers le haut, et empêche la classe ouvrière de pleinement accomplir sa propre libération
|
|||
|
L’approche avant-gardiste qui consiste à imposer depuis en haut s’est montrée nuisible à la classe ouvrière et à sa lutte d’émancipation. La seule manière de permettre aux intérêts des classes laborieuses d’être authentiquement pris en compte est de voir cette classe prendre le contrôle de sa propre vie et être libre de prendre ses propres décisions.
|
|||
|
## Cadre Théorique
|
|||
|
La critique formulée précédemment se fonde sur des ouvrages tels que Le Capital, Critique de l’économie politique de Karl Marx et L’Homme unidimensionnel, Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée de Herbert Marcuse, de même que sur des observations réalisées par divers/es universitaires, activistes et penseur/se/s politiques. Étudions-en brièvement les principaux concepts :
|
|||
|
### La Théorie de la Valeur
|
|||
|
La théorie de la valeur est un concept marxiste qui affirme que la valeur d’une marchandise, qu’elle soit un bien ou un service, découle de la quantité de travail socialement nécessaire pour la produire, c’est-à-dire du temps et de l’effort collectifs investis par les travailleur/se/s dans sa création.
|
|||
|
Quand ce concept est appliqué à un système capitaliste, il en ressort un problème de taille. Les travailleur/se/s au sein de ce système échangent leur travail contre un salaire, dont ils et elles ont besoin pour subsister. Or, sous le capitalisme, les travailleur/se/s se trouvent dans une situation où leurs salaires ne reflètent pas la valeur réelle qu’ils et elles contribuent à générer par leur travail. La compensation qui leur est donnée est inférieure à la valeur réelle qu’ils et elles créent.
|
|||
|
Cette disparité survient parce que le capitalisme laisse la classe capitaliste s’approprier la plus-value générée par le travail des ouvrier/re/s. La plus-value étant la valeur produite supérieure à la somme du salaire payé aux travailleur/se/s et aux coûts de production. Cette plus-value, souvent appelée profit, est accaparée par la classe capitaliste, lui permettant ainsi d’accumuler de la richesse et du pouvoir par sa simple propriété des moyens de production.
|
|||
|
Fondamentalement, la théorie de la valeur met en lumière l’exploitation du travail dans le cadre capitaliste. Les travailleur/se/s, au travers de leur effort collectif, produisent de la valeur par leur travail dont la classe capitaliste extorque les bénéfices en en extrayant la plus-value, ne laissant ensuite aux travailleur/se/s que des salaires qui ne reflètent pas pleinement la valeur qu’ils et elles ont générée. Ce mécanisme d’extraction de la plus-value constitue un moyen fondamental pour les capitalistes d’amasser richesse et pouvoir.
|
|||
|
### La Concentration de la Richesse et du Pouvoir
|
|||
|
La concentration de la richesse et du pouvoir est un concept crucial dans la compréhension des failles et des critiques tant du capitalisme de marché que du capitalisme d’État régi par un parti d’avant-garde. Ce concept se réfère à la tendance qu’ont la richesse et le pouvoir à se voir de plus en plus concentrés entre les mains d’une petite élite au sein de la société, respectivement la classe capitaliste sous le capitalisme de marché, et le parti d’avant-garde sous le capitalisme d’État. Dans le premier cas, cette concentration découle des dynamiques inhérentes au capitalisme, dont le modèle économique est motivé par la recherche du profit et l’accumulation du capital. Dans le second cas, cette concentration provient directement du désir du parti d’avant-garde de garder et accroître son contrôle.
|
|||
|
Sous un capitalisme de marché, la classe capitaliste concentre la richesse et le pouvoir au moyen des mécanismes suivants :
|
|||
|
<b>L’Exploitation du Travail :</b> Sous le capitalisme, les individus et les entreprises s’évertuent à produire et échanger des marchandises en vue de générer du profit. Par le biais de mécanismes tels que l’extraction de la plus-value du travail, la classe capitaliste accumule de la richesse et acquiert plus de moyens de production tandis que la classe laborieuse accumule rarement quelque montant important que ce soit et peine à joindre les deux bouts. Ce processus d’accumulation mène à un accroissement des écarts de richesse, voyant celle-ci se concentrer entre les mains de quelques un/e/s.
|
|||
|
<b>La Loyauté de l’Appareil :</b> La concentration de la richesse induit également une concentration du pouvoir. Ceux et celles qui possèdent de larges richesses acquièrent une influence et un contrôle considérables sur les ressources économiques clés, en même temps que sur les institutions politiques et sociales.Cette concentration du pouvoir permet à l’élite riche de modeler les politiques publiques, manipuler le système politique et faire valoir leurs propres intérêts au détriment de ceux de la majorité.
|
|||
|
<b>La Transmission de la Richesse :</b> Par ailleurs, la concentration de la richesse et du pouvoir entretient un cycle de privilèges et d’exclusion. L’élite privilégiée peut transmettre sa richesse et ses prérogatives aux générations suivantes, accentuant les disparités sociales et économiques au fil du temps. Dans le même temps, celles et ceux qui ne disposent pas de cette richesse ou de ce pouvoir sont largement limité/e/s dans leur possibilité de s’élever socialement et se retrouvent piégé/e/s dans des cycles de pauvreté.
|
|||
|
Quant au parti d’avant-garde et au capitalisme d’État, ils concentrent la richesse et le pouvoir au moyen des mécanismes suivants :
|
|||
|
<b>La Domination Idéologique :</b> Le parti d’avant-garde instaure un cadre idéologique qui légitime sa gouvernance et prétend représenter les intérêts de la classe ouvrière. Il met en avant une doctrine ou une idéologie politique spécifique et œuvre à l’endoctrinement de ses membres et de ses soutiens. Par la propagande, l’éducation et par un contrôle des relais médiatiques, le parti d’avant-garde formate l’opinion publique et réprime les points de vue alternatifs.
|
|||
|
<b>La Prise de Décisions Centralisée :</b> Le parti d’avant-garde centralise le pouvoir décisionnel en son sein, le concentrant auprès d’un cercle restreint de chefs. Cela permet au parti de contrôler l’élaboration des mesures politiques, la direction stratégique et l’allocation des ressources. En maintenant de la sorte une poigne de fer sur la prise de décisions, le parti d’avant-garde limite la portée et la participation de la population, consolidant son autorité et prévenant toute atteinte à son contrôle.
|
|||
|
<b>Appareil Répressif :</b> Le parti d’avant-garde met en place et utilise un appareil répressif, comprenant les forces de l’ordre et les mécanismes de surveillance afin de réprimer les dissidents et de maintenir son contrôle sur la société. Ces outils de coercition servent à faire taire les oppositions, étouffer les voix dissidentes et instiller la peur chez sa population. En créant une atmosphère de répression, le parti d’avant-garde décourage la résistance et maintient sa mainmise sur le pouvoir.
|
|||
|
<b>Cooptation et Clientélisme :</b> Le parti d’avant-garde se sert de stratégies de cooptation et de clientélisme pour s’attirer le soutien et la loyauté d’individus ou de groupes clés. En offrant des bénéfices matériels, des privilèges et des positions de pouvoir, le parti s’évertue à créer un réseau d’alliés qui dépendent de la continuation de son règne. Cette stratégie aide le parti d’avant-garde à maintenir une base de soutien loyale et à s’assurer que les fractions dissidentes restent mineures et marginalisées.
|
|||
|
La concentration du pouvoir mène systématiquement au même phénomène : le maintien de cette concentration.
|
|||
|
### La Lutte des Classes
|
|||
|
Dans un système capitaliste, la société est scindée en deux classes distinctes : la bourgeoisie et le prolétariat. La bourgeoisie représente la classe capitaliste, constituée de riches individus qui possèdent et contrôlent les moyens de production tels que les usines, la terre et les ressources. Leur motivation première est de maximiser le profit et de préserver leur richesse et leur influence. L’autre versant de ce système est le prolétariat, incarné par la classe ouvrière, qui doit vendre sa force de travail à la bourgeoisie afin de gagner sa vie et pourvoir à ses besoins et à ceux de sa famille.
|
|||
|
Le cœur de la critique présentée ici découle de la lutte qui survient entre ces deux classes. En effet, la bourgeoisie cherche à engranger toujours plus de bénéfices en baissant les salaires, en réduisant les coûts et en exploitant la force de travail du prolétariat. Son objectif est de maintenir et accroître sa richesse aux dépens de la classe laborieuse. À l’inverse, le prolétariat, qui dépend de sa force de travail qu’il parvient à vendre pour survivre, s’évertue à améliorer ses conditions de travail, gagner un meilleur salaire et obtenir une part plus juste de la valeur qu’il produit par son travail. Cette divergence d’intérêts et de buts fait surgir différentes expressions de la lutte des classes comme les grèves, les manifestations et les mouvements organisés visant à défendre les droits des travailleur/se/s.
|
|||
|
Les dynamiques de pouvoir entre la bourgeoisie et le prolétariat affectent lourdement les relations sociales au sein des sociétés capitalistes. La classe capitaliste possède des ressources économiques considérables ainsi qu’une importante influence et un contrôle sur les institutions clés qu’elle fait jouer pour maintenir sa domination et faire progresser ses intérêts. Cette classe modèle les processus politiques, influence les récits médiatiques et exerce un contrôle sur l’opinion publique, tout cela dans le but de perpétuer ses avantages économiques et sociaux.
|
|||
|
### L’Aliénation
|
|||
|
Le concept d’aliénation (ou « Entfremdung », comme Marx l’appelle en allemand) se réfère à la déconnexion psychologique et sociale ressentie par les travailleur/se/s dans une société capitaliste, en raison de la manière dont le travail est organisé. Il y a quatre dimensions à cette aliénation :
|
|||
|
<b>L’Aliénation vis-à-vis du Produit :</b> Sous le capitalisme, les travailleur/se/s se voient assigner des tâches spécialisées et répétitives pour produire les marchandises qui seront détenues et contrôlées par les capitalistes. Les producteur/rice/s sont ainsi détaché/e/s des produits qu’ils et elles créent car ces produits sont possédés par d’autres qui le vendront pour leur profit propre. Le travail devient un moyen subordonné à une fin, plutôt qu’une expression gratifiante de sa créativité et de son talent.
|
|||
|
<b>L’Aliénation vis-à-vis du Processus de Production :</b> Dans un système capitaliste, le processus de production est structuré hiérarchiquement de sorte que les travailleur/se/s ont très peu de contrôle ou d’influence sur la prise de décision et l’organisation relatives au travail. Aussi, les travailleurs perdent en autonomie et se retrouvent aliénés du processus au travers duquel les biens sont produits.
|
|||
|
<b>L’Aliénation vis-à-vis de Soi :</b> Le travail est un aspect essentiel de la nature humaine, donnant aux individus l’opportunité d’exprimer leur créativité, leurs talents et leurs désirs. Cependant, sous l’égide du capitalisme, le travail est détaché des intérêts et des besoins des ouvrier/e/s. En assignant aux travailleur/se/s des tâches spécifiques et sous le contrôle d’exigences externes, on les condamne à ressentir un profond sentiment de détachement vis-à-vis de leur être et de leur potentiel.
|
|||
|
<b>L’Aliénation vis-à-vis des Autres :</b> La production capitaliste instaure une compétition entre les travailleur/se/s en les montant les un/e/s contre les autres pour des salaires et des garanties d’emploi. Cette compétition favorise un sens d’isolement et d’aliénation vis-à-vis des autres travailleur/se/s, entravant ainsi le développement d’une solidarité et d’une coopération collectives.
|
|||
|
Aliénation est une caractéristique inhérente au mode de production capitaliste. Elle constitue une forme d’oppression qui entrave l’épanouissement humain et refuse aux individus l’opportunité de réaliser pleinement leur potentiel créatif.
|
|||
|
### Le Fétichisme de la Marchandise
|
|||
|
Le fétichisme de la marchandise est un concept formulé par Marx qui dénote une caractéristique des sociétés capitalistes : la tendance à attribuer une valeur mystique aux marchandises, niant les relations sociales de production et la nature exploiteuse du capitalisme. Plutôt que d’être perçues comme des produits du travail humain, les marchandises sont considérées comme des entités détenant une valeur et un pouvoir intrinsèques.
|
|||
|
Dans les sociétés capitalistes, la valeur d’une marchandise est déterminée par la quantité de travail socialement nécessaire à sa production. Cependant, le fétichisme de la marchandise transforme cette relation sociale en la perception que la valeur découle de l’échangeabilité et du prix du marché. Cette question du processus d’échange et du marché commande la compréhension populaire de la valeur, éclipsant ainsi le travail derrière la production.
|
|||
|
Ce fétichisme n’est pas accidentel mais inhérent au mode de production capitaliste. Dans la société capitaliste, les produits du travail prennent la forme de marchandises, ensuite achetées et vendues. Les relations sociales entre les personnes sont celées, détournant ainsi le regard vers les relations entre les objets. Aussi, le produit des travailleur/se/s est-il caché, dissimulant la nature exploiteuse du capitalisme.
|
|||
|
L’illusion de la valeur entretient le système capitaliste en détournant l’attention des masses laborieuses vers les marchandises. Cela permet à la classe capitaliste, qui contrôle la production, d’extraire la plus-value sans résistance significative. Le capitalisme maintient la notion que la valeur d’un produit réside uniquement dans son échangeabilité, plutôt que de reconnaître la quantité de travail investie dans sa production par la classe ouvrière.
|
|||
|
Le fétichisme de la marchandise modèle également les désirs, les aspirations et les habitudes de consommation. L’attrait des marchandises, accrû par les emballages, les marques et la publicité, fait miroiter aux individus que leurs vies s’amélioreraient par l’achat et la consommation. Cela renforce l’illusion que la valeur réside purement dans la marchandise, perpétuant le cycle d’exploitation du capitalisme.
|
|||
|
### La Désublimation Répressive
|
|||
|
Dans un système capitaliste, la désublimation répressive, concept introduit par Herbert Marcuse, peut être comprise comme un processus au travers duquel les désirs des individus sont orientés et manipulés vers la recherche de possessions matérielles, de gratification immédiate et de consommation, plutôt que de chercher l’épanouissement et le sens par d’autres aspects de la vie. Ce processus est appuyé par la promotion de besoins et de désirs artificiels par la publicité et les médias de masse qui formatent et moulent les désirs des individus selon les diktats du marché. Aussi, la recherche de biens matériels devient un axe central et occulte les autres sources potentielles d’épanouissement et de connexion humaines.
|
|||
|
En orientant les désirs et les aspirations dans la direction du consumérisme, la désublimation répressive sert de mécanisme de contrôle au capitalisme. Elle réprime ou redirige de possibles désirs transformateurs de changement social et de liberté humaine authentique. Plutôt que de questionner et de remettre en cause les structures sous-jacentes et les dynamiques de pouvoir du système, les individus sont incités à trouver satisfaction dans l’accumulation de possessions matérielles et l’assouvissement de désirs immédiats. Le mécanisme de diversion empêche l’émergence d’actions collectives et de conscience critique, maintenant ainsi le statu quo et entretenant les inégalités de pouvoir existantes.
|
|||
|
Dans ce contexte, le terme « répressif » de la désublimation répressive se réfère à l’idée que le consumérisme et la recherche des plaisirs matériels sont activement promus et encouragés par le système capitaliste pour assurer son contrôle social et sa stabilité. Le concept de désublimation souligne le relâchement des inhibitions et l’expression désinhibée des désirs, souvent de manière superficielle et immédiate, plutôt que de les orienter vers des quêtes plus profondes et transformatives.
|
|||
|
### L’Atomisation
|
|||
|
L’Atomisation se réfère à un état de fragmentation sociale et d’isolement où les individus sont déconnectés les uns des autres ce qui mène à un affaiblissement du sentiment de communauté et de solidarité.
|
|||
|
Sous le capitalisme, l’atomisation résulte de plusieurs facteurs interconnectés :
|
|||
|
<b>L’Individualisme et la Compétition :</b> Le capitalisme met lourdement l’accent sur l’individualisme et la compétition et encourage la recherche de ses propres intérêts et du profit personnel. Cette emphase sur la réussite individuelle mène à un sentiment d’isolement puisque les individus font passer leurs propres besoins et buts devant le bien-être collectif. La constante compétition pour les ressources et les opportunités fragmente plus encore la société et favorise un état d’esprit de « chacun pour soi ».
|
|||
|
<b>Les Forces du Marché et la Marchandisation :</b> Dans les systèmes capitalistes, presque tous les aspects de la vie sont sujets aux forces du marché. La marchandisation se produit lorsque les biens, les services et même les relations humaines sont réduites à des marchandises échangeables. Cette mentalité de marchandisation érode les liens sociaux et les relations interpersonnelles en encourageant les individus à voir les autres d’abord comme des acheteurs ou des vendeurs potentiels plutôt que comme des êtres humains.
|
|||
|
<b>La Culture de la Consommation :</b> Le capitalisme pousse à une culture de la consommation qui met en avant la recherche de possessions matérielles et de gratification immédiate. Cette culture entretient un environnement de consommation individualiste où le bonheur et l’identité personnelles dépendent de l’achat de produits. La recherche permanente de consommation isole les individus en leur faisant préférer l’accumulation matérielle aux connexions sociales et aux expériences communes.
|
|||
|
<b>Les Inégalités Sociales :</b> Les systèmes capitalistes entretiennent les inégalités sociales fondées sur la richesse, la classe, la couleur de peau et le genre. Ces inégalités entraînent la marginalisation, la discrimination et l’exclusion de certains groupes, les tenant loin d’une participation pleine et entière à la société. De telles divisions favorisent d’autant plus l’atomisation sociale en créant des barrières à l’action collective et en suscitant la méfiance entre différents groupes sociaux.
|
|||
|
L’atomisation capitaliste est un puissant outil nous empêchant de nous organiser et de défier les inégalités et les injustices inhérentes au système capitaliste.
|
|||
|
### Les Externalités
|
|||
|
Le terme d’externalité fait référence à l’ensemble des conséquences imprévues d’activités économiques qui ne sont pas reflétées dans le prix des biens et des services. Ces conséquences peuvent être aussi bien positives que négatives et impactent le plus souvent des individus ou des communautés qui ne sont pourtant pas directement impliquées dans les transactions économiques.
|
|||
|
Dans le contexte capitaliste, les externalités surgissent suite à la recherche effrénée de profit et à la marchandisation des ressources et du travail. La production capitaliste vise à maximiser le profit en minimisant les coûts et en externalisant autant de dépenses que faire se peut. Cela conduit à une socialisation des coûts où les impacts négatifs de la production, tels que la pollution, l’épuisement des ressources et la dislocation sociale, sont assumés par la société dans son ensemble plutôt que par les capitalistes eux-mêmes.
|
|||
|
Les externalités s’ancrent dans la nature exploiteuse de la production capitaliste. La classe capitaliste, mue par l’impératif d’accumulation du capital, tend à prioriser les profits à court-terme plutôt que le bien-être environnemental et social à long-terme. La recherche du profit ne se soucie pas des limites écologiques de la planète ou du bien-être des travailleur/se/s et des communautés.
|
|||
|
Par exemple, les externalités environnementales découlent de l’extraction incessante des ressources naturelles et de la génération de pollution et de déchets, inhérentes au mode de production capitaliste. Ces externalités, telles que la pollution de l’air et de l’eau, la déforestation et le dérèglement climatique, ont des conséquences considérables impactant les écosystèmes, la santé publique et les générations futures. Cependant, les coûts de ces externalités ne sont pas internalisés par les capitalistes mais plutôt remis à la charge de la société et de l’environnement.
|
|||
|
De la même manière, les externalités sociales découlent des relations d’exploitation du capitalisme. La recherche du profit mène à l’exploitation et à l’aliénation des travailleur/se/s ainsi qu’au déracinement des communautés. Des salaires bas, des mauvaises conditions de travail ou encore des emplois précaires sont autant d’externalités sociales qui résultent de la centralité de la maximisation du profit pour le système capitaliste. Ces externalités contribuent aux inégalités, à la pauvreté et à l’érosion de la cohésion sociale.
|
|||
|
Comme nous pouvons le voir, les externalités ne sont pas des conséquences accidentelles mais bien inhérentes au mode de production capitaliste. Les capitalistes sont mus par l’impératif d’accumuler du capital, ce qui requiert une externalisation des coûts et une exploitation du travail et des ressources.
|
|||
|
### L’Impérialisme
|
|||
|
L’impérialisme est une caractéristique inhérente au système capitaliste, motivée par la nécessité qu’ont les capitalistes d’étendre les marchés, d’avoir accès à une force de travail moins chère et d’exploiter les ressources pour une maximisation des profits. Les puissances impérialistes, typiquement des nations capitalistes avancées, cherchent à contrôler et à extraire la richesse de régions moins développées à travers des mécanismes tels que la colonisation, le néocolonialisme et la dépendance économique.
|
|||
|
L’impérialisme engendre des inégalités mondiales au travers de plusieurs mécanismes. Tout d’abord, il instaure une relation d’exploitation entre les nations dominantes et les nations subordonnées, les premières extorquant la plus-value des secondes. Les nations capitalistes avancées exploitent la force de travail et les ressources de pays moins développés, accordant des salaires bas et épuisant les ressources naturelles.
|
|||
|
De plus, l’impérialisme perpétue un échange inégal au sein du commerce mondial. Les nations dominantes imposent des cadres commerciaux défavorables afin de s’assurer que les matériaux bruts et les marchandises des pays sous-développés soient sous-évaluées, tout en augmentant le prix des biens manufacturés provenant des pays dominants pour qu’ils soient vendus plus chers. Ce phénomène conduit à un transfert net des richesses de la périphérie vers le centre du capitalisme mondialisé, accentuant plus encore les inégalités à l’échelle du globe.
|
|||
|
L’impérialisme renforce également la domination politique et militaire. En effet, les nations puissantes se servent de leur force économique pour exercer un contrôle sur les nations plus faibles en influençant leurs gouvernements, leurs politiques et le devenir de leurs ressources, tout cela afin de favoriser leurs propres intérêts. Ce contrôle est maintenu au moyen d’interventions militaires, d’ingérence politique et de l’établissement d’institutions internationales qui favorisent les intérêts des puissances impérialistes.
|
|||
|
## Le Socialisme Libertaire
|
|||
|
### Ses Principes Clés
|
|||
|
Le socialisme libertaire est une philosophie politique et économique qui offre une alternative aux systèmes capitalistes et d’avant-gardes traditionnels. Prise de décision réellement démocratique, théorie socialiste et solidarité sont autant de piliers de cette pensée riche.
|
|||
|
Le socialisme libertaire repose sur ces trois principes clés :
|
|||
|
<b>La Décentralisation du Pouvoir :</b> Nous cherchons à démanteler les structures de pouvoir centralisées et à répartir l’autorité décisionnelle au niveau local, afin de s’assurer que nos communautés aient l’autonomie nécessaire à leur auto-administration. Nous militons pour la participation active de chacun et chacune d’entre nous à un processus politique qui nous accorde une voix dans la prise de décision et les mesures qui affectent nos vies.
|
|||
|
<b>Un Mode de Production Socialiste :</b> Nous voulons parvenir à une justice économique en nous élevant contre la concentration de la richesse et du pouvoir mise entre les mains de quelques uns que permet le système capitaliste. Nous visons le socialisme, c’est-à-dire un système où les moyens de production appartiennent directement aux travailleur/se/s.
|
|||
|
<b>L’Entraide :</b> Nous reconnaissons la valeur intrinsèque de la communauté et visons à développer les relations basées sur l’entraide et le soin mutuel. Par l’entraide, nous et nos communautés nous évertuons ensemble à satisfaire nos besoins communs, que ce soit en fournissant de la nourriture, un abri, du soin, de l’éducation ou d’autres ressources essentielles à ceux et celles qui en ont besoin.
|
|||
|
### La Décentralisation du Pouvoir et la Démocratie Directe
|
|||
|
La Décentralisation se donne pour but de démanteler les structures de pouvoir centralisées et de permettre aux communautés locales de se gouverner elles-mêmes de manière autonome, tandis que la démocratie directe insiste sur l’implication active des individus dans la prise de décision, en se passant de représentants intermédiaires. Ces deux principes nous permettent de participer directement à la conception des politiques et à la répartition des ressources selon les besoins propres à chaque communauté. La décentralisation du pouvoir fondée sur la démocratie directe nous apporte les avantages suivants :
|
|||
|
<b>L’Émancipation et la Réappropriation :</b> La participation directe inculque à tous et à toutes un sentiment de réappropriation et d’émancipation. Elle accroît notre compréhension des responsabilités collectives et développe un plus fort sentiment de devoir civique et de cohésion entre les membres de la communauté.
|
|||
|
<b>La Résolution des Conflits :</b> La démocratie directe fournit une plateforme pour dialoguer ouvertement, bâtir un consensus et résoudre paisiblement les conflits. Elle encourage l’échange des idées, le compromis et la négociation, permettant de prendre des décisions qui jouissent d’un soutien plus large et d’ainsi minimiser les divisions sociales.
|
|||
|
<b>Une Cohésion Sociale Renforcée :</b> La décentralisation et la démocratie directe mettent en avant un sens de la communauté et des responsabilités communes. Elles nous encouragent à nous rassembler, à constituer un dialogue constructif et à travailler ensemble pour faire face aux défis communs, cimentant ainsi la cohésion sociale et l’unité.
|
|||
|
<b>Une Prise de Décision Réactive :</b> En distribuant le pouvoir au niveau local, la décentralisation mène à une gouvernance plus réactive puisque nous, les décisionnaires, sommes directement concerné/e/s par les conséquences de nos actes.
|
|||
|
<b>La Protection contre l’Autoritarisme :</b> En distribuant le pouvoir et l’autorité décisionnelle, on empêche la concentration de pouvoir entre les mains de quelques individus ou institutions, instaurant ainsi un garde-fou contre l’autoritarisme.
|
|||
|
Pour conclure, la combinaison d’un pouvoir décentralisé et de la démocratie directe offre de nombreux avantages. En adoptant ces principes, nous pouvons développer un système qui prenne en compte les besoins et les intérêts de toutes et tous.
|
|||
|
### Le Mode de Production Socialiste
|
|||
|
En tant que socialistes, nous militons pour un autre modèle économique où les moyens de production, tels que les usines, la terre ou encore les machines, seraient contrôlés par les travailleur/se/s mêmes. Le but est de s’assurer que nous, les travailleur/se/s, ayons un intérêt direct à notre travail et notre mot à dire dans les décisions qui affectent nos vies et les communautés où nous évoluons.
|
|||
|
<b>L’Émancipation des Travailleur/se/s :</b> Sous le socialisme, nous devenons des parties prenantes actives et volontaires au processus économique. Nous avons une voix dans la détermination des conditions de travail, des salaires et dans la distribution des ressources. Le socialisme élimine les relations d’exploitation entre capitalistes et travailleur/se/s. Cela nous permet de prendre le contrôle sur notre travail et de contribuer au bien-être collectif de la société
|
|||
|
<b>S’Élever contre l’Exploitation :</b> Dans un système socialiste, la plus-value créée par notre travail n’est pas siphonnée par une classe capitaliste mais plutôt réinvestie ou distribuée au profit de tous les travailleur/se/s. Ce changement empêche les déséquilibres de pouvoir et permet de s’assurer que les fruits de notre labeur seront partagés équitablement.
|
|||
|
<b>La Solidarité Collective :</b> Le socialisme met en valeur l’importance de la solidarité collective et de la coopération. En remplaçant la compétition par la coopération, le socialisme nous incite à nous rassembler, à partager notre savoir et à répondre collectivement aux défis qui s’imposent à nous. Ce sens de la solidarité nourrit un sentiment d’appartenance et d’un objectif collectif qui contribuent à cultiver un environnement de travail plus respectueux et plus harmonieux.
|
|||
|
En somme, le socialisme offre une vision d’une organisation économique rendant possible notre émancipation, luttant contre l’exploitation et mettant en avant la solidarité collective. En tant qu’il insiste sur la coopération et la prospérité commune, le socialisme offre un cadre alternatif qui cherche à résoudre les problèmes systémiques et les inégalités inhérentes aux économies capitalistes.
|
|||
|
### L’Entraide
|
|||
|
L’Entraide est un principe fondamental de la pensée et de la pratique socialistes. Elle met l’accent sur le pouvoir de la solidarité et de la coopération dans la satisfaction de nos besoins. Dans une société socialiste, l’entraide devient la pierre angulaire de nos relations sociales qui nous conduit à apporter soutien, aide et ressources à ceux et celles qui en ont besoin, sans rien attendre directement en retour, sur la base du principe de solidarité.
|
|||
|
<b>La Solidarité en Action :</b> L’entraide entretient un sentiment privilégié de solidarité et d’interconnexion entre les individus. Elle reconnaît que notre bien-être est socialement dépendant et qu’en nous soutenant les un/e/s les autres, nous pouvons prospérer collectivement.
|
|||
|
<b>L’Émancipation Communautaire :</b> L’entraide nous émancipe, nous et nos communautés, en encourageant la participation et la prise de décision actives. Plutôt que de nous reposer sur des institutions externes ou des structures hiérarchiques, l’entraide nous permet de reprendre le contrôle sur nos vies et de façonner collectivement le monde dans lequel nous voulons vivre. En travaillant ensemble, nous acquérons un sentiment d’implication, nous nous ressaisissons de notre autonomie et nous bâtissons des communautés résilientes, capables de satisfaire ses propres besoins sans dépendre de systèmes oppressifs.
|
|||
|
<b>Transformer la Société :</b> L’entraide va bien plus loin que de simplement fournir un soulagement immédiat ; elle vise à former des alternatives durables aux structures capitalistes. En s’élevant contre la dépendance sur des entreprises motivées par le profit et contre la prise de décisions imposées par le haut, l’entraide sert de catalyseur au changement radical, travaillant activement à la transformation des structures oppressives et en pavant la voie vers un monde plus juste, plus inclusif et plus empathique.
|
|||
|
En définitive, l’entraide est une composante essentielle de la pensée et de la pratique socialistes. C’est par l’entraide uniquement que nous pouvons construire des solidarités, nous émanciper, lutter contre l’exploitation et créer des structures alternatives qui mettront la considération du bien-être collectif au-dessus de toute autre.
|
|||
|
### Comment Agir Maintenant ?
|
|||
|
<b>Par l’Éducation et la Sensibilisation :</b> Une première étape importante est de s’éduquer soi-même au socialisme libertaire et à ses principes. En approfondissant sa compréhension de ses fondements et de ses valeurs centrales, on peut plus efficacement véhiculer sa vision auprès des autres. Lis des textes critiques, assiste à des ateliers ou prends part à des discussions afin de gagner en connaissance et mieux apprécier la théorie et la pratique socialiste libertaire.
|
|||
|
<b>Par la Solidarité et l’Entraide :</b> Développe une culture de solidarité et d’entraide dans ta communauté. Entreprends des actions de soutien, de coopération et de soin collectif. Construis des réseaux d’entraide qui fournissent ressources et assistance mutuelle. En favorisant la solidarité, nous renforçons les liens communautaires et nous nous opposons à la fragmentation sociale que nous inflige le capitalisme.
|
|||
|
<b>Par l’Organisation Horizontale :</b> Implique-toi dans des mouvement horizontaux d’initiative citoyenne et dans des organisations qui reflètent les principes socialistes libertaires. Rejoins ou forme des groupes communautaires locaux et des groupes qui mettent en valeur la solidarité, l’égalité et la démocratie directe. Entreprends des actions collectives, du militantisme et des campagnes visant à répondre aux problèmes économiques, à favoriser l’émancipation des travailleur/se/s et à lutter contre les structures oppressives.
|
|||
|
<b>Par la Démocratie Participative :</b> Encourage et prends part aux modèles de démocratie participative de ta communauté. Assiste aux assemblées locales, aux réunions de voisinage ou aux conseils au sein de ta communauté. Incite les autres à devenir partie prenante des discussions, à exprimer leurs inquiétudes et à contribuer à modeler les mesures et les initiatives qui mettent l’accent sur le bien-être collectif.
|
|||
|
<b>Par l’Économie Coopérative :</b> Soutiens et participe aux initiatives économiques coopératives. Les coopératives sont des entreprises possédées et contrôlées démocratiquement par les travailleur/se/s garantissant une distribution équitable des ressources et du pouvoir décisionnel. Songe à rejoindre ou à fonder des coopératives dans divers secteurs tels que l’agriculture, le logement ou la production. En faisant la promotion de l’économie coopérative, nous court-circuitons le mode de production capitaliste et posons les fondements d’un système économique plus équitable.
|
|||
|
<b>Par la Participation aux Structures Existantes :</b> Même si nous luttons contre le système en place, il faut aussi entrer stratégiquement en relation avec celui-ci, que ce soit en militant pour des changements de politique, en mettant les élus devant leurs responsabilités, ou encore en participant aux processus démocratiques existants. En leur sein, lutte encore pour des réformes qui vont dans le sens des principes socialistes libertaires et qui contribuent plus généralement à l’optique de la transformation du système.
|
|||
|
## Notre Plan
|
|||
|
Tu n’as pas besoin de t’embarquer tout/e seul/e dans le périple pour l’implémentation de ces initiatives. Heureusement, il existe déjà une organisation composée de camarades avec les mêmes objectifs que toi, prêt/e/s à joindre leurs efforts aux tiens.
|
|||
|
<b>Les Groupes:</b> Nous nous organisons en groupes en vue de militer et de fournir éducation et entraide. Notre objectif est de démontrer aux individus que le système politico-économique actuel nuit à notre bien-être, de leur présenter des approches alternatives et de mettre en œuvre le principe fondamental de l’entraide afin de soulager le poids des épreuves que le capitalisme nous inflige.
|
|||
|
<b>Les Communautés:</b> Nous établissons des communautés sur la base des principes socialistes libertaires, où les individus sont propriétaires de leur terre, de leurs maisons, et des moyens de production et où ils et elles peuvent prendre des décisions par le biais de la démocratie directe. Nous propageons graduellement notre monde socialiste, une communauté à la fois.
|
|||
|
<b>Les Coopératives:</b> Nous formons des coopératives ouvrières pour financer les opérations de nos groupes et de nos communautés. Reconnaissant que le pouvoir économique influence le pouvoir politique, nous considérons l’établissement de coopératives comme une des étapes initiales vers l’avènement du socialisme.
|
|||
|
<b>Les Partis:</b> Nous créons des partis politiques dans l'optique de promouvoir des réformes nous permettant plus facilement de mettre en oeuvre nos objectifs, de déplacer la fenêtre d'Overton ainsi que de gagner en popularité. Cependant, nous avons conscience que nous ne pourrons parvenir au socialisme libertaire par le biais des institutions qui luttent à son encontre.
|
|||
|
<b>Les Syndicats:</b> Nous promouvons les syndicats qui émancipent et organisent les travailleurs et les travailleuses en militant pour un traitement et un salaire justes ainsi que pour une amélioration des conditions de travail. La lutte sur le lieu de travail est partie intégrante de notre stratégie dans l'avènement du socialisme libertaire.
|
|||
|
En développant les initiatives mentionnées précédemment, nous nous efforçons de paver la voie à une société débarrassée de tout système de pouvoir oppressif et exploiteur et à l’instauration de nouveaux systèmes fondés sur la coopération et la solidarité. Tout ce dont nous avons besoin, c’est d’une masse critique d’individus qui se rassemblent pour lutter conjointement contre l’oppression et l’exploitation.
|